Luxe et respect



L’un des deux piliers fondamentaux du lean management est le « respect des individus ». Ce pilier est parfois mis en second plan dans la communication des grandes entreprises, qui préfèrent mettre en avant l’efficacité spectaculaire de la démarche.

Bruno Cucinelli, spécialiste italien du cachemire haut de gamme, conjugue luxe et respect pour assurer le succès de son entreprise de 783 salariés dans la région de l’Ombrie.

La suite est largement inspirée d’un article de La Croix du 20 février 2013.

(brunellocucinelli.com)

Le « prince du cachemire »

Chez Bruno Cucinelli, le bien-être des employés – les siens reçoivent une paie supérieure de 20 % à celle prévue par les contrats du secteur – se révèle une des clés du succès d’une entreprise.Sa décision de partager, avec eux, les bénéfices réalisés en 2012, première année d’entrée en Bourse de la firme, a eu un vaste écho médiatique. Son geste a été décrit comme une histoire de Noël exemplaire, car c’est en décembre que les 783 salariés qui travaillent à Solomeo, bourg médiéval perché sur les splendides collines de l’Ombrie, reçurent chacun 6 385 €.

« C’est un choix et un don personnel, pour remercier ceux qui nous ont aidés à croître, grâce à leur travail », dit en toute simplicité ce fils d’une famille d’agriculteurs, au regard lumineux.

Solomeo, terre de saint François d’Assise

L’entreprise familiale – 279 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2012 – fondée au début des années 1980, est le fruit de sa rencontre avec Francesca, son épouse, dont il a eu deux filles. Originaires de Solomeo, les parents de Francesca travaillaient dans le textile artisanal.

Ensemble, le couple va décider de se lancer, dès le départ, dans la qualité haut de gamme en produisant des pulls en cachemire aux couleurs pétillantes et aux coupes contemporaines. Toutes leurs activités seront ancrées à Solomeo, « au cœur de la terre, ocre et beige, de saint François d’Assise et saint Benoît », rappelle-t-il.

L’entreprise produit désormais plus d’un million de pièces par an, des pulls aux robes en passant par les accessoires. Elle est présente dans 54 pays, avec un millier de points de vente et 70 boutiques, dont une rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.

Succès planétaire

Mais ce succès planétaire n’empêche pas de concilier le luxe, « la créativité typique du made in Italy », avec un souci d’humanité, présent dans les moindres détails, des horaires aménagés à la crèche à proximité des ateliers, en passant par le restaurant d’entreprise aux allures de trattoria, sans oublier les initiatives culturelles. Tout est conçu pour redonner au travail toute sa dignité et appliquer, dans chaque domaine, le concept de bien commun.

Brunello Cucinelli a reçu de nombreuses récompenses, dont le prix Ernst & Young du meilleur entrepreneur, pour sa créativité et ses initiatives en faveur de la qualité de vie dans l’environnement du travail. Mais aussi pour ses investissements à Solomeo où il a restauré un château (siège social de l’entreprise) et des maisons, construit un théâtre, un centre d’apprentissage consacré aux métiers artisanaux, un espace culturel, et même créé un « jardin des philosophes ».

Selon lui, « l’argent ne représente une vraie valeur que lorsqu’il est utilisé pour améliorer l’existence et favoriser l’épanouissement de l’homme ».

Grand amateur de musique classique, l’entrepreneur qui a rêvé de devenir moine se réfère souvent à saint François d’Assise, « mon maître de l’âme ». Mais aussi à Aristote, Sénèque, ou Kant, dont il cite volontiers cette maxime : « Le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale au fond de mon cœur. »

 

 

 

Brunello Cucinelli, un patron italien entre luxe et humanisme

Spécialiste du cachemire haut de gamme, Brunello Cucinelli défend des valeurs humanistes à la tête de son entreprise de 783 salariés dans la région de l’Ombrie.

 

(brunellocucinelli.com)

L’entrepreneur Brunello Cucinelli, le « prince du cachemire », incarne le capitalisme à visage humain.

Dans une société où la crise économique croise la crise des valeurs, Brunello Cucinelli, 60 ans, le « prince du cachemire » comme le surnomment les Italiens, démontre qu’il est possible de conjuguer capitalisme et éthique. Que le bien-être des employés – les siens reçoivent une paie supérieure de 20 % à celle prévue par les contrats du secteur – se révèle une des clés du succès d’une entreprise.

En Italie, sa décision de partager, avec eux, les bénéfices réalisés en 2012, première année d’entrée en Bourse de la firme, a eu un vaste écho médiatique. Son geste a été décrit comme une histoire de Noël exemplaire, car c’est en décembre que les 783 salariés qui travaillent à Solomeo, bourg médiéval perché sur les splendides collines de l’Ombrie, reçurent chacun 6 385 €.

« C’est un choix et un don personnel, pour remercier ceux qui nous ont aidés à croître, grâce à leur travail », dit en toute simplicité ce fils d’une famille d’agriculteurs, au regard lumineux.

Formé dans la communauté des cafés

Né à Castel Rigone, il raconte avoir grandi dans les bars de Pérouse, la ville où déménagèrent ses parents lorsque son père obtint un emploi d’ouvrier dans une cimenterie. « Un travail éreintant, mon père a subi beaucoup d’humiliations. Dès l’âge de 15 ans, j’ai compris que le respect de l’être humain devait être au centre de tous nos actes », se souvient-il.

Brunello Cucinelli affirme avoir plus appris dans les bistrots que sur les bancs des écoles, y compris l’école d’ingénieurs dont il sortit sans diplôme. « Ma formation s’est faite dans la communauté des cafés. On se retrouvait tous les soirs ensemble, riches, pauvres, ouvriers, entrepreneurs, paysans, professeurs ou spécialistes du farniente. »

Sa culture est celle d’un autodidacte qui nourrit une passion pour les lettres, la philosophie antique, le yoga, la musique, le théâtre… Tout ce qui porte à penser, comme Dostoïevski, que « la beauté nous sauvera ». Couronné en 2011 par l’université de Pérouse, qui lui a remis un doctorat honoris causa en philosophie et éthique des relations humaines, Brunello Cucinelli est bien un visage du capitalisme à visage humain.

Solomeo, terre de saint François d’Assise

L’entreprise familiale – 279 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2012 – fondée au début des années 1980, est le fruit de sa rencontre avec Francesca, son épouse, dont il a eu deux filles. Originaires de Solomeo, les parents de Francesca travaillaient dans le textile artisanal.

Ensemble, le couple va décider de se lancer, dès le départ, dans la qualité haut de gamme en produisant des pulls en cachemire aux couleurs pétillantes et aux coupes contemporaines. Toutes leurs activités seront ancrées à Solomeo, « au cœur de la terre, ocre et beige, de saint François d’Assise et saint Benoît », rappelle-t-il.

L’entreprise produit désormais plus d’un million de pièces par an, des pulls aux robes en passant par les accessoires. Elle est présente dans 54 pays, avec un millier de points de vente et 70 boutiques, dont une rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.

Succès planétaire

Mais ce succès planétaire n’empêche pas de concilier le luxe, « la créativité typique du made in Italy », avec un souci d’humanité, présent dans les moindres détails, des horaires aménagés à la crèche à proximité des ateliers, en passant par le restaurant d’entreprise aux allures de trattoria, sans oublier les initiatives culturelles. Tout est conçu pour redonner au travail toute sa dignité et appliquer, dans chaque domaine, le concept de bien commun.

Brunello Cucinelli a reçu de nombreuses récompenses, dont le prix Ernst & Young du meilleur entrepreneur, pour sa créativité et ses initiatives en faveur de la qualité de vie dans l’environnement du travail. Mais aussi pour ses investissements à Solomeo où il a restauré un château (siège social de l’entreprise) et des maisons, construit un théâtre, un centre d’apprentissage consacré aux métiers artisanaux, un espace culturel, et même créé un « jardin des philosophes ».

Selon lui, « l’argent ne représente une vraie valeur que lorsqu’il est utilisé pour améliorer l’existence et favoriser l’épanouissement de l’homme ».

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Son inspiration

« La loi  morale au fond de mon coeur »

Grand amateur de musique classique, l’entrepreneur qui a rêvé de devenir moine se réfère souvent à saint François d’Assise, « mon maître de l’âme ». Mais aussi à Aristote, Sénèque, ou Kant, dont il cite volontiers cette maxime : « Le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale au fond de mon cœur. »

À la vie mondaine, il a toujours préféré la vie en famille, puisant ses forces dans la nature et la méditation, pour apprendre sans cesse à passer de l’idéalisme aux faits. Il assure que le plus grand luxe est de pouvoir savourer chaque jour la beauté, au sens moral, humain, spirituel, intellectuel et pas seulement esthétique.

ANNE LE NIR (à Rome) ——————————

Luxe et respect
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Publié dans la Catégorie Cas d'entreprise, Performance durable, Philosophie Lean #1 : Implication des individus - 17 mars 2013