TO PI OR NOT TO PI
Les coûts et les délais d’un projet de construction sont des performances à la fois très importantes et difficiles à tenir.
A ce propos, je me souviens de mon premier cours de construction à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. S’agissant d’un cours obligatoire du tronc commun, toute la promotion était réunie dans le grand amphithéâtre de la rue des Saints Pères. De ma place située plutôt en haut, je vois rentrer le grand professeur par la porte du côté droit, dans le brouhaha habituel des débuts d’amphi. Il écrit son nom au tableau, et nous dit une seule phrase, courte. Une question en fait.
« Quelle est la définition du nombre Pi ? »
Stupeur dans la salle. Grand silence. La question est très surprenante. Nous nous attendions à parler de béton, d’armatures métalliques, de résistance des matériaux. Mais Pi. Bien sûr, nous savons tous depuis le lycée qu’il sert à calculer le périmètre d’un cercle en fonction de son rayon. Certain d’entre nous connaissent même sa valeur jusqu’à un nombre impressionnant de décimales, exercice stimulant pour certains esprits quoique information parfaitement inutile.
Le professeur répète sa question « Quelle est la vraie définition du nombre Pi ? » Son ton est pince sans rire. Nous sommes de plus en plus dubitatifs. Quel rapport avec la construction ? Finalement le suspense tombe avec la réponse. « La vraie définition du nombre Pi, dans un projet de construction, c’est le rapport entre le coûts et les délais réels par rapport au budget !». Rires et sourires dans la salle…
Le lean construction, une belle histoire d’hommes
Pour traiter cet enjeu de la tenue des coûts et des délai en construction, David GUIO de la société TEGC a découvert avec succès le lean en pilotant le chantier de reconversion d’une ancienne fonderie de 10 000 m2 en usine fabriquant du mobilier métallique. Voici son témoignage paru dans le dernier numéro du Moniteur :
« Nous sommes partis d’une feuille blanche avec le maître d’ouvrage, l’architecte et le consultant lean, rapporte le directeur général de cette PME de Montchanin (Saône et Loire). La grande nouveauté, c’est qu’on a tout partagé, tout fait ensemble, y compris avec les sous-traitants. Nous n’étions pas dans une logique de gestion de contrat, mais dans une logique de partenariat gagnant-gagnant, avec une vision à 360° du projet. Nous n’avons pas échangé un seul recommandé, mais géré ensemble les loupés, en ajustant le projet au fur et à mesure. Résultat : des délais presque divisés par deux et un plafond de dépenses qui n’a pas été atteint, le bénéfice final ayant même été redistribué entre les différentes parties prenantes ! ».
« Ça a été une vraie aventure humaine, une belle histoire d’hommes », conclut David Guio.
Publié dans la Catégorie Performance durable, Philosophie Lean #1 : Implication des individus, Philosophie Lean #2 : Amélioration continue - 20 mai 2013