Fidéliser la génération Y, un défi ?
Frédérique Rouxel dirige Tess&Co, une petite entreprise spécialisée dans l’organisation d’événementiels. Je l’ai rencontrée lors du séminaire d’intégration du centre des jeunes Dirigeants (CJD), en septembre 2012. Comme beaucoup de dirigeants de sociétés, elle est très impliquée et motivée dans son activité professionnelle, y consacrant de nombreuses heures notamment en soirée et les week-ends compte tenu de son secteur d’activité.
Nous étions un petit groupe de Jeunes Dirigeants en train d’échanger sur nos visions de l’entreprise, quand tout à coup un des participants a mis sur la table la problématique des jeunes, la fameuse génération Y. Immédiatement un consensus s’est fait : « la génération Y, très difficile à intégrer, impossible à fidéliser. Un cauchemar ! » Parmi les problèmes recensés : leur faible intérêt pour le travail, leur façon de zapper d’un job à l’autre sans aucun égard pour l’entreprise qui les a formés, leurs fantasmes sur le salaire qu’ils peuvent espérer en début de carrière, sans parler des comportements absolument inadaptés de certains face aux clients.
Mais comment faire ? Nous passons un temps fou à former régulièrement les nouveaux arrivants, (voire à les éduquer, les reprendre sur des basiques comme les horaires), leurs comportements d’enfants nous énervent. En plus, l’entreprise n’a pas les moyens d’augmenter leurs salaires d’embauche indéfiniment !
De par son activité, Frédérique Rouxel est confrontée de manière particulièrement aigüe à tous ces nouveaux problèmes. En effet, elle est amenée à embaucher de nombreux jeunes, pour de très courte durée, parfois quelques heures. Le sourire et le comportement font partie intégrante de la prestation d’accueil qu’elle vend. D’un point de vue stratégique, ils véhiculent en permanence l’image de marque de sa société. Difficulté supplémentaire pour les fidéliser, c’est un travail de complément pour ces jeunes qui sont étudiants ou ont une activité principale à côté. Elle ne peut évidemment pas contrôler tous ses salariés en permanence, compte tenu de l’ampleur des événements qu’elle organise.
Comment a-t-elle relevé ce double défi professionnalisation / fidélisation ?
Elle nous explique très simplement que tout commence dès la première minute. Elle dit bonjour à la personne qu’elle reçoit, lui sourit. Et vérifie que son interlocuteur fait de même. L’entretien s’arrête si ce premier test n’est pas satisfaisant.
Pour fidéliser son personnel, elle leur donne à chacun une bouteille d’eau et un paquet de gâteaux. C’est tout ? C’est tout ! Elle s’est en effet aperçu en les accompagnant sur le terrain qu’une journée d’accueil ça peut être long, que le bar ne leur est pas disponible, et qu’ils ne pensent pas toujours à amener de l’eau et des gâteaux.
Frédérique Rouxel a aujourd’hui plusieurs centaines de collaborateurs fidèles, issus de la génération Y, qui prennent les missions chez elle plutôt qu’à la concurrence quand il y a deux offres en même temps.
Fidéliser la génération Y, c’est principalement une question de considération, pas d’argent.
Publié dans la Catégorie Philosophie Lean #1 : Implication des individus - 29 septembre 2012