Passer du temps à motiver, pourquoi faire?
Pierre nous offre ce témoignage.
« J’ai fait ce week-end une compétition de tarot de 1e division. Lorsque j’ai reçu cette invitation, j’ai marqué mon étonnement. Je ne joue qu’en troisième division, je n’ai repris la compétition que l’année dernière, et encore en duplicate car c’est moins exigeant, on alterne entre attaquant tout seul et défenseur en équipe. Alors que là il s’agit d’être attaquant en permanence. Le responsable du club m’a alors dit « si on t’invite, c’est qu’on pense que tu as le niveau. Fonce ! ».
Isabelle, une amie vice-championne de France m’a par ailleurs dit « tu as même le niveau pour être attaquant ». Devant mon aspect dubitatif, elle a insisté…. « Tu vas t’amuser ». Au cours de notre petite discussion, je suis senti d’abord étonné, puis content. Motivé enfin.
Bref. J’ai dit ok pour attaquer. En me disant « c’est une expérience, on verra bien » Pour les non habitués aux tournois de tarot : lorsque l’on est attaquant en jeu par équipe, c’est un marathon : on fait 24 parties l’après-midi, puis 24 le soir. C’est très fatigant. On passe de table en table pour aller attaquer les « défenses » des autres équipes. On prend donc 48 fois de suite, on fait 48 chiens, avec des jeux très moyens, puisque l’objectif est de comparer les scores (les jeux sont préparés à l’avance par les arbitres). On est seul contre tous, et on n’a pas le droit de parler à ses équipiers (pour éviter d’échanger des infos sur les jeux, puisqu’on joue les mêmes jeux à quelques minutes d’intervalles).
Le tournoi démarre : je suis très motivé, très concentré, très serein sur le bon tempo. Très vite j’attaque une très bonne équipe ça se passe bien. 2e ou 3e partie d’affilée – je regarde le score des autres – tiens je ne suis pas ridicule, tiens c’est même plutôt bien. Continuons.
Au moment de m’asseoir après la pause un incident signalé par l’arbitre : suite à un chelem le joueur l’a dit à haute voix par émotion. J’appelle l’arbitre fédéral qui dit de continuer. Je passe les 3/4 de la soirée en me disant « tu t’étais juré de ne jamais être chelem en attaque ». L’étui avec le jeu pourri avance sans savoir lequel. Au moment où je retourne le jeu, là je sais. Gris dilemme : est-ce que je réoriente mon jeu en fonction du risque de me faire mettre chelem, ou est-ce que je joue comme je le sens moi ? Je fonce, à ma manière. Je fais -26 milieu de classement. J’ai évité le chelem.
J’ai fini 8ème attaquant sur 13 équipes l’après-midi. Et 8ème/13 le soir. J’ai réussi plusieurs contrats quasi impossibles, dont un arraché avec les dents à un point près… alors que tous les autres attaquants l’ont chuté.
J’avais juste besoin que quelqu’un en qui j’avais confiance me dise que j’ai le niveau. Je l’ai remerciée évidemment.
Et je suis bien content d’avoir passé toute l’année dernière à dire à Simon, mon apprenti, « tu es brillant ». Il s’est révélé… et m’a fourni un travail exceptionnel ! »
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas qu’elles sont difficiles ». Sénèque
Publié dans la Catégorie Philosophie Lean #1 : Implication des individus - 16 décembre 2012