Toulon tout bon
24 mai demi finale du top 14, le championnat français de rugby, entre Toulon et Toulouse. A la 74e minute on aperçoit un petit homme en vert, l’arbitre, qui tient à distance avec ses bras deux packs impressionnants. Il crie « Pliez ! Touchez ! Jeu! », on l’entend nettement car sa voix est retransmise par son micro. Et c’est le choc ! Les deux groupes de une tonne chacun se ruent la tête en avant. Mais la mêlée s’écroule par la faute d’un joueur toulousain. Suit donc une pénalité pour Toulon tirée au pied et évidemment réussie par le perfectionniste Johnny Wilkinson (photo). Une séquence à l’image de ce match, qui a vu Toulon gagner sa demi-finale de top 14 en position de challenger une semaine après avoir gagné la H cup, la coupe d’Europe.
Mais qu’est ce qui fait gagner cette équipe ?
Sans doute les qualités traditionnelles du rugby, portées à un point proche de la perfection :
La solidarité : chacun est au service du ballon, en se sacrifiant physiquement (boum! plaf !) pour retenir le maximum d’adversaires et libérer l’espace aux coéquipiers.
Le respect des règles : la comparaison avec le football est criante. Dans ce match à deux reprises un essai a été refusé par l’arbitre pour des fautes difficiles à voir. A chaque fois les équipes se sont replacées sans dire un mot, sans un regard vers l’arbitre.
L’opportunisme : le drop de Toulon à la 64e minute, alors qu’ils ont juste deux points d’avance, met la pression sur l’adversaire qui doit dorénavant marquer un essai pour repasser devant. A partir de ce moment, Toulouse va devenir de plus en plus fébrile, multiplier les fautes dont Toulon va profiter pour creuser l’écart.
La diversité des talents : 7 nationalités, des petits agiles – à l’instar du talonneur Sébastien Bruno 1m74 ;des grands forts – le pilier Andrew Sheridan 122kg de muscle ;des rapides – l’arrière Delon Armitage, ancien coureur de 100m, qui a marqué un essai au sprint.
La recherche permanente de la perfection technique : c’est visible à chaque poste, pour chaque geste, et particulièrement sur le coup de pied : la préparation par Johnny Wilkinson est totale, de la position du regard, jusqu’au geste de relâchement de la jambe droite juste avant la prise de position caractéristique des bras et du corps cf. photo. Il ne cherche pas à passer entre les poteaux, il cherche à passer au milieu ! Une très belle illustration de la démarche 6 sigma, qui cherche à éliminer la variation des processus en visant au milieu des tolérances du client à chaque fois.
On peut rajouter une caractéristique particulière à ce club, c’est la personnalité charismatique de son président Mourad Boudjellal. Issu de l’immigration pauvre, PDG à succès dans l’édition de Bandes dessinées, il applique ses méthodes et son esprit d’entreprise au club. Son franc-parler aussi : « Je mets tout dans ce club, j’y mets ma vie, mes tripes, mon argent mais ça ce n’est pas le plus important et j’y mets les enfants que je n’ai pas eu, enfin plein de choses ».
« Dans une équipe de rugby, il n’y a pas de passagers, il n’y a qu’un équipage » – Pierre VILLEPREUX, Grand Chelem en 1968 avec le XV de France. Dans nos équipes, comment faisons-nous pour qu’il n’y ait qu’un équipage ?
Vous pouvez me joindre par email, ou par téléphone au 06 49 13 20 38
Publié dans la Catégorie Philosophie Lean #1 : Implication des individus - 26 mai 2013
